Une histoire aucunement romantique

You are currently viewing Une histoire aucunement romantique

L’histoire de l’Australie colonialiste a commencé il y a seulement 200 ans. Je me suis alors demandé si Sharon et Bryce, mes parents d’accueil, connaissaient la raison de la venue de leurs ancêtres sur cette immense île reculée du monde entier. Sharon m’a partagé son histoire, non sans me prévenir qu’elle n’était aucunement romantique.

L'arrivée des colons

Comme vous le savez sûrement, l’Australie est devenue, à la fin du XIXe siècle, un camp pénitencier créé par le gouvernement britannique pour punir les crimes de la population. Pourtant, son histoire ne commence pas là. En effet, ces gigantesques terres rouges peuplées des espèces animales les plus dangereuses du monde étaient habitées par deux peuples : les aborigènes et indigènes du détroit de Torrès. Ensemble, ils formaient la population autochtone d’Australie. Cependant, comme tous bons colonialistes qui se respectent, les Anglais ne s’attardèrent pas sur la question et envoyèrent The Fisrt Fleet (la première flotte) tout droit sur les terres australiennes. C’est le nom attribué aux 11 premiers bateaux britanniques partant pour l’Australie en mai 1787. À bord se trouvaient des centaines de prisonniers, tous arrêtés pour différents crimes allant du vol au meurtre. Le voyage durera 8 mois. Beaucoup y perdirent la vie, mais beaucoup la donnèrent après les différentes escales effectuées à Ténérife ou à Rio de Janeiro. Le premier navire amarrant sur les côtes de ce pays encore sans nom arriva le 28 janvier 1788 dans, ce qu’on appelle aujourd’hui, la ville de Sydney. Les Australiens ont à jamais gravé cette date dans l’histoire de leur pays en la proclamant « the australian day ». De leur côté, les autochtones, qui ont été envahis, l’ont prénommé « the day of the invasion ». En effet, les Anglais se sont approprié ces terres en excluant les tribus aborigènes qui y vivaient paisiblement. Ils ne leur ont pas laissé le droit à la parole et ayant plus de force matérielle, ils ont facilement pris le dessus. Deux choix s’offraient donc à eux : obéir aux nouvelles lois que les Britanniques leur imposaient ou mourir. La bataille des aborigènes pour faire entendre leur voix perdure encore aujourd’hui. Il y a quelques semaines de ça, un référendum a été proposé aux Australiens pour à créer un organe consultatif représentant les aborigènes d’Australie et les indigènes du détroit de Torrès auprès du Parlement et du gouvernement fédéral. La majorité des Australiens a répondu non. 

Arrivée des anglais
the route of the first fleet

L'histoire de Sharon et Bryce

Sharon ne sait pas exactement si ses ancêtres étaient dans ces premiers bateaux, mais ils ont bel et bien été envoyés en Australie en raison de leur crime. Étant très pauvres, ils auraient apparemment volé de la nourriture et des vêtements pour survivre au froid glacial de l’hiver européen. Pris en flagrant délit, ils ont été arrêtés avant d’être expédiés à l’autre bout du monde sans savoir qu’ils ne verraient plus jamais les terres de l’Angleterre. C’est ainsi qu’ils ont reconstruit leur vie en apprivoisant des terres nues s’étendant sur des milliers de kilomètres. Ils se sont ensuite déplacés jusqu’à Cobar afin de trouver du travail. En effet, cette petite ville a été créée autour d’une mine de cuivre et a ramené des centaines de famille à la recherche d’un travail et de stabilité. Ainsi, la famille de Sharon perdure depuis des décennies sur ce petit bout de terre de la Nouvelle-Galles-du-Sud. 

L’Australie a arrêté d’être une prison en 1868. Durant presque un siècle, les prisonniers ont fait de cette immense île un véritable Second Empire britannique avec des lois, des règles, du travail. Les gens ont alors commencé à déménager là-bas de façon tout à fait volontaire. L’Australie était même appelée « le paradis du travail ». La famille de Bryce en faisait partie. Espagnols et Français, ils embarquèrent sur un bateau en direction d’un nouveau départ, d’une nouvelle vie pour y fonder une famille dans la pérennité et l’aisance financière. Comme la famille de Sharon, ils sont arrivés à Cobar pour que les hommes puissent travailler à la mine pendant que les femmes élevaient les enfants dans ce coin perdu de l’Australie, éloigné de toute civilisation.

Encore aujourd’hui, Bryce et Sharon honorent cette ville en partie créée par leurs ancêtres en se battant pour cette dernière. En effet, un drame concernant la mine de Cobar a obligé ses habitants à élever la voix afin que cette dernière soit entendue par le gouvernement. Si vous voulez en savoir plus sur cette histoire prenante et passionnante, découvrez la dans mon article La route vers la justice.

Je trouve ça génial d’avoir deux témoignages sur les deux raisons possibles d’être australien. En plus d’en apprendre plus sur ma deuxième famille, j’en apprends plus sur ce pays dont l’histoire ne semble datée que d’hier.

  • Commentaires de la publication :0 commentaire

Laisser un commentaire