La patience

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Patience et longueur de temps...

En ce moment, je travaille en ferme pour mettre de l’argent de côté, mais aussi pour compléter les 88 jours de travail en ferme nécessaires pour obtenir un second visa. Chaque jour, je me lève, je déjeune, je m’habille, je cueille des citrons pendant 10 h, je rentre, je mange et je dors. Toutes les journées se ressemblent. La chanson est la même. La mélodie peut changer par un jeu de cartes avant d’aller dormir ou une crêpe party avec des amis. Mais dans les faits, chaque jour est similaire au dernier et semblable au suivant. 

Alors je m’imagine visiter la magnifique plage de White Haven ou faire un saut en parachute au-dessus de la barrière de corail après avoir enfin accompli tous mes devoirs envers l’état australien et moi-même. Et je me dis que tout est une question de temps. Si seulement il y avait un petit bouton sur lequel appuyer pour faire défiler et accélérer tous ces longs jours ennuyants. Un bouton qui, si on le presse, rendra cette période accomplie sans même être vécue. Après tout, le temps est abstrait et irréel. C’est un simple instrument inventé par l’homme pour pouvoir avoir un peu de contrôle sur l’incontrôlable. Pourquoi ne pourrait-on pas en faire ce que nous voulons ?

... font plus que force ni que rage.

Après avoir ruminé ces pensées durant de longues journées, je me suis dit qu’il fallait impérativement que je change cette façon de voir les choses. Chaque minute de vie mérite d’être vécue pleinement, même si le moment à passer est ni exaltant ni enivrant. Ce petit bouton rouge serait une échappatoire trop facile aux épreuves de la vie beaucoup après tout. 

Au lieu de de haïr ce temps long et ces heures interminables, j’ai décidé de tourner la situation en ma faveur. Je profite de cette routine pénible à souhait pour écouter des podcasts que je n’aurais jamais pris le temps d’écouter, pour cuisiner de bons petits plats que je n’aurais pas pu faire en road trip, pour me reconnecter avec moi-même alors que je suis perdue dans mes pensées en cueillant machinalement des citrons.

J’ai alors remarqué que voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide change beaucoup de choses.

Le lion et le rat

En arrivant en ferme, j’ai commencé par agir tel un lion enragé. J’avais cette impression de piétiner d’impatience en attendant ce fameux moment où je pourrais enfin partir en road trip avec de l’argent en poche et les 88 jours complétés. J’étais frustrée et enragée par l’ennui et la lassitude. Puis, je me suis transformée en petit rat serein et patient. 

Le rat avance pas à pas. Il fait les choses calmement et patiemment. Il analyse. Il étudie. Il ne compte pas le temps et vit dans l’instant présent. Un apaisement léger a remplacé une rage inutile de vouloir changer quelque chose d’incontrôlable.

Désormais, je me nourris de l’attente d’un soleil couchant. Je m’imprègne de ces minutes suspendues dans le silence d’une longue journée de picking. J’absorbe cet ennui fastidieux et je le rends irréversiblement passionnant. 

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Cette publication a un commentaire

  1. Philippine

    J’adore la métaphore de Le Lion et Le Rat !
    Je l’ai récité avant hier en plus ! ( trop connecté même a l’autre bout du monde )

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