Il y a longtemps que je voulais écrire sur ce sujet qui m’est si cher, mais le fait qu’il soit très large et très propre à chacun me laissait un goût d’une amère illégitimité. Qui suis-je pour définir ce concept si abstrait, si important ? Puis je me suis dit qu’au final, le seul fait que je sois une humaine expérimentant la liberté sur la terre me rendait légitime. Mon but n’est alors pas d’énoncer des vérités générales, de trouver la solution miracle à toute servitude ou de généraliser un concept si subjectif mais plutôt de partager mon expérience, mon point de vue et ma façon de voir et de vivre cette chose incroyable bien que indomptable.
La liberté sous différentes phases
Je me suis longtemps demandée ce que signifiait « être libre ». Pouvoir aller où on veut ? Pouvoir faire ce qu’on veut ? Pouvoir dire ce qu’on veut ? Je me suis alors rendue compte que j’avais expérimenté toutes ces différentes libertés au cours de ma vie.
Se mouvoir
J’ai d’abord donné beaucoup d’importance à la liberté de mouvement. Quand j’avais 2 ans, mes parents ont construit un muret entre le jardin de la maison et la cour extérieure que l’on partageait avec les voisins afin que je ne m’y aventure pas. Une fois le mur fini, je les ai regardés droit dans les yeux avant d’escalader le muret et de dire « et ben moi, ze passe au-dessus ». Plus tard, alors que je descendais à l’école avec ma maman, du haut de mes 7 ans, je lui explique à quel point je déteste ces murs qui entourent l’école. Je ne comprenais pas leur présence et l’intérêt de restreindre notre liberté de mouvement. Je m’en sentais prisonnière.
Faire
Puis est arrivée l’adolescence où la liberté de faire ce que je voulais était devenue indispensable. Alors je transgressais quelques petites les règles. En faisant le mur pour aller passer une nuit avec mon petit copain. En étant parfois insolente avec les professeurs. En fumant des cigarettes et en buvant de l’alcool en soirée (oui je me trouvais totalement thug Life comme certains diraient). Disons que tous ces petits interdits réels et concrets étaient une bonne excuse pour montrer au monde que malgré le fait qu’on me dise non, je pouvais le faire quand même. C’en était bien ridicule quand j’y repense maintenant mais une part de moi avait besoin de me prouver que j’étais maître de mes choix et de mes décisions. Après tout, on ne parle pas de « crise d’ado » pour rien !
Dire
Enfin, j’ai voulu dompter la liberté de dire ce que je voulais. J’ai alors envoyé valdinguer des amitiés qui ne me correspondaient plus. Je me disputais avec mes parents. J’employais des mots durs qui dépassaient mes pensées avec mes sœurs. Je répondais d’autant plus à l’autorité des profs qui me mettait hors de moi. Jusqu’à ce que je comprenne que la quête de cette liberté ou du moins la façon dont je l’exerçais me desservait plus qu’autre chose. Je me battais alors contre le principe de la domination quoiqu’il arrivait, sans avoir de discernement et sans me demander s’il était constructif pour moi au lieu de m’investir dans la construction d’une liberté qui aurait du sens pour moi.
De nouvelles libertés indispensables
La liberté émotionnelle
Cette liberté touche plus à notre profondeur d’âme. C’est le fait de choisir ce qui nous atteint émotionnellement. En effet, personne ne peut nous faire ressentir des émotions. Seuls nous avons le pouvoir de nous faire sentir ainsi. Pour preuve, une situation quelconque vous touchera différemment d’une autre personne ayant vécu exactement la même chose. Admettons, vous vous faites virer de votre travail pour mauvaise conduite. Vous pouvez vous sentir triste, honteux, en colère alors qu’une autre personne se sentira libérée, heureuse et ça lui passera totalement au-dessus. Ce n’est pas alors la personne en face qui, de ses actes soudains et inattendus, vous fait vous sentir ainsi. C’est vous-même. Selon le vécu, l’expérience, les peurs, on s’inflige une torture mentale. Choisir les émotions qu’on ressent et avoir conscience que nous sommes les seuls à avoir le pouvoir de nous les faire ressentir est une liberté exceptionnelle. On se sent invincible. Personne ne peut nous atteindre moralement sauf si on le veut.
Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à faire. Ce n’est pas tout de choisir de se sentir comme ceci ou comme cela après un événement chamboulant. Cela peut être compliqué s’il touche à un traumatisme, s’il devient lui-même un traumatisme ou affecte une personne que l’on aime. Ça ne nous enlève néanmoins pas ce pouvoir de choisir par quelles émotions nous nous laissons guider. La peur, la colère, la honte ? Ou le relativisme, l’acceptation, la foi ?
La liberté relationnelle
Je me suis longtemps sentie prisonnière dans mes relations. Je sentais comme une incapacité de pouvoir parler, dire ce que je pense et particulièrement être en colère si je n’avais pas de bonnes excuses. Je pensais qu’on allait moins m’aimer si je n’étais pas d’accord avec les gens autour de moi. Alors je me transformais pour plaire aux gens. J’en perdais mon identité. Je sentais néanmoins cette colère bouillonner en moi, mais une petite voix dans ma tête ne cessait de me dire que cette colère n’avait aucune légitimité. « Cette personne t’a dit ça, mais tu as fait ça en même temps. Tu l’as cherché. Tu l’as mérité », me disait-elle. Gorge nouée, poings serrés. Je me sentais dépourvue de ma liberté d’expression. Puis j’ai compris qu’il n’y avait aucun bénéfice à plaire à des gens qui ne correspondaient pas. J’ai accepté qu’on me trouve bizarre, gênante et étrange et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à faire des rencontres extraordinaires. Je ne perdais plus mon énergie à tenter de fit in. Et ça, c’est une réelle liberté en plus d’être un gain d’énergie énorme.
L'amour de soi
Après avoir inspecté la liberté sous toutes ses coutures, j’en ai déduit une chose indispensable pour y avoir accès : l’amour de soi. Pour être libres, nous devons nous aimer suffisamment pour savoir écouter notre corps, notre cœur, leurs besoins et leurs désirs profonds. C’est aussi ce qui rend la liberté effrayante. Il faut stand up for yourself. Il faut prendre les décisions qui sont en alignement avec nous-même ce qui peut être horriblement difficile dans certaines situations. Il est parfois plus simple de se soumettre à une conjecture qui ne nous convient pas que de dire haut et fort qu’elle n’est pas en accord avec nous. Mais lorsque l’on s’aime profondément, lorsqu’on fait de nous la personne la plus importante de notre vie, nous avons le devoir de nous rendre heureux et de faire ce qu’il y a de bien pour nous au même titre qu’on le ferait pour un ami ou un parent. Il est alors plus simple de se libérer de cette soumission involontaire. Il ne faut pas oublier que nous sommes sur Terre pour expérimenter la vie sous notre propre incarnation. Alors incarnez-vous pleinement !
La liberté du voyage
Aujourd’hui, dans mon aventure australienne, je tente d’être maître de ma liberté géographique. Je décide de ma prochaine destination quand j’ai épuisé les ressources de la présente. Je vais où je veux, quand je veux. C’est comme si le monde m’appartenait. Je n’ai pas d’obligation. Pas de devoir. La route est ma maison. L’Australie est ma maison. Le monde est ma maison. Et c’est magique.
Je travaille aussi ma liberté émotionnelle en gérant mes émotions face à des licenciements et ma liberté relationnelle en acceptant des séparations et en donnant de l’énergie qu’aux personnes qui me correspondent.
Je pense néanmoins que plus je suivrais des directions qui sont alignées à moi et à mon élan de vie, moins j’aurais ce besoin (bien qu’inconscient) de me faire virer ou de rencontrer des gens n’étant pas sur la même longueur d’onde que moi. Selon moi, nous sommes pleinement créateurs de nos vies. Notre âme appelle ce genre d’expériences pour d’autant plus évoluer, pour casser nos barrières, pour dompter nos peurs. Mais une fois celles-ci tombées, une fois que l’on s’incarne intégralement, une fois que l’on arrête de se battre contre ces épreuves de vie, nous sommes invincibles. Nous sommes libres.