Tout a commencé en 2019

Je venais de rentrer au lycée. La perspective d’une vie toute tracée me terrifiait. J’allais avoir mon bac dans 2 ans. Je serais ensuite allée à la fac ou dans une école pour obtenir un diplôme qui me permettrait de travailler jusqu’à ce que mon corps physique n’en puisse plus. Mais grâce à ce chemin parcouru, j’aurais la possibilité de m’acheter une belle maison (au bord de la mer si j’ai de la chance) où je pourrais fonder une jolie petite famille avec 2 enfants, un chien et un mari aimant. J’aurais peut-être même l’occasion de partir en vacances au-delà des frontières françaises cinq semaines dans l’année (youhou !!!). Le vendredi soir, je rejoindrais des amis autour d’un verre pour partager quelques esclaffements avant que nos chemins soient de nouveau séparés par le travail et la vie de famille. 

C’était concrètement un plan d’un ennui vertigineux. 

J’ai alors découvert l’association AFS grâce à ma cousine Louise qui est partie au Canada pendant 3 mois. C’est une association à but non lucratif qui aide les jeunes à partir à l’étranger. Elle encadre leurs voyages du début jusqu’à la fin. Ça commence par des weekends qui réunissent partants et arrivants dans chaque région de France afin de partager des activités, des expériences, mettre un premier pied dans l’inconnu en parlant à des gens ayant de cultures différentes… Puis l’association se charge de trouver une famille d’accueil dans le pays choisi et s’occupe de l’inscription au lycée dans la ville où la famille vit. Les familles ne sont pas payées par l’association donc il n’y a aucun risque qu’elles accueillent un jeune étranger seulement pour de l’argent comme cela peut être le cas avec l’association EF. 

Mon choix personnel s’est tourné vers l’Australie. Je n’ai jamais spécialement été attirée par ce pays avant. Je n’en parlais pas non-stop depuis ma tendre enfance. Je n’en connaissais pas grand-chose d’ailleurs. C’était pourtant une évidence. L’association m’avait mis en garde sur le fait qu’ils avaient de plus en plus de mal à trouver des familles qui ne réclamaient pas de compensation en retour de l’accueil. Je n’ai pas abandonné l’idée. Je savais que quelque chose m’attendait là-bas. Quelques mois plus tard, après avoir reçu les coordonnées de ma famille d’accueil et un billet d’avion, je m’envolais pour l’Australie. Ça a été ma première expérience dans l’inconnu. J’étais à l’autre bout du monde, au fin fond de l’outback australien, séparée de mes proches par 10 heures de décalage horaire, parlant anglais telle une vache espagnole dans une famille australienne avec laquelle nous n’avions échangé que quelques mails avant mon départ. C’est pourtant à ce moment-là que j’ai réellement découvert ce que le mot « vivre » signifiait. J’ai créé avec eux un lien inexplicable en vivant une expérience inexplicable.

newey
Bryce dans le bush
yellow

Six mois plus tard, je retournais en France les larmes aux yeux et des souvenirs plein la tête. J’ai dû évidemment finir mon lycée et reprendre le train-train du quotidien. Tout paraissait monotone, calme, sans saveur. Après avoir obtenu mon bac, je me suis dirigée vers une fac de langue avec une seule idée en tête : la possibilité de partir en Erasmus ! J’ai malheureusement dû attendre la troisième année de licence avant de pouvoir déployer mes ailes vers de nouveaux horizons. Cette fois-ci, je voulais découvrir l’Angleterre. L’université style Harry Potter me faisait rêver et l’accent british chantant et élégant m’attirait vers ce pays si mystérieux. Seulement, tout ne s’est pas passé comme prévu et c’est l’Espagne qui a fini par ouvrir son cocon. Pas le temps d’être déçue. Un voyage reste un voyage, peu importe l’endroit. Aussitôt dit, aussitôt fait, j’ai pris un appartement en colocation avec deux espagnols, une valise pleine à craquer d’habits de soirée et un billet d’avion pour Valencia ! J’ai alors vécu l’année la plus folle de ma vie grâce à des rencontres formidables, des voyages inoubliables à travers l’Espagne et ses alentours et des soirées endiablées. J’en suis revenue encore une fois les larmes aux yeux, des souvenirs plein la tête, mais aussi avec une L3 validée avec succès et… un compte en banque littéralement vide, oops.    

Plaza del ayuntamiento
mer de Bilbao
rue de valence
sevilla

Durant l’année d’Erasmus, il a fallu s’inscrire en master. J’y ai longuement réfléchi, mais suivre the right path ne m’allait décidément pas ! Alors, je me suis mise à la recherche d’un job d’été afin de renflouer les comptes et éviter une crise cardiaque à mon banquier. Mon but : retourner en Australie pour voyager, seule. La première fois que j’y suis allée, je n’ai pas vraiment eu l’occasion de découvrir cet incroyable pays. J’allais au lycée dans mon superbe uniforme bleu et blanc, faire du quad dans le bush le week-end entre les kangourous et les émeus et je mangeais des Tim Tam en essayant désespérément de comprendre le terrible accent australien de mon père d’accueil. Mais je n’ai pas réellement visité.

Je m’étais donc mis en tête d’aller à Sydney, trouver un travail là-bas en tant que serveuse ou commerciale afin de mettre un petit peu d’argent de côté pour, par la suite, pouvoir prendre l’avion pour aller de ville en ville, faire un petit tour puis repartir. Cette idée m’a soudain paru superflue lorsque j’ai découvert le backpacking. That was my call. J’ai alors épluché chaque page internet parlant de backpacking, de voyage solo, de road trip et j’ai vite compris que c’est exactement ce qu’il me fallait. Le tout n’était pas de partir se poser dans une ville inconnue à l’autre bout du monde pour se sentir en vie, il fallait que je m’expose à l’aventure, à l’imprévu, à l’impermanence des choses et de la vie. Il fallait que chacun de mes moindres repères soit perdu dans un océan de nouveauté. Pas de valise pleine à craquer. Pas de petit appartement confortable où j’aurais mon propre espace. Pas de job déjà expérimenté. Cette fois-ci, c’est l’aventure, la vraie. 

Alors après avoir travaillé dans un magasin de vêtements pour enfant pendant 1 mois et demi, fait les vendanges dans deux domaines différents et servi en extra chez un traiteur les week-ends, j’ai enfin pu prendre mon visa, acheter un super sac à dos de backpacking et mon billet d’avion en aller simple pour l’Australie !!! J’avoue que ce n’était pas une mince affaire de faire tenir toute ma vie dans un sac à dos de 60 L. J’ai même hésité à prendre une valise cabine à côté parce qu’elle était comprise dans mon billet. Mais un challenge est un challenge. Alors j’ai tenu bon. J’ai bourré tout ce que je pouvais au fond de mon sac et tout a tenu ! Bon, le sac faisait 14 kg, mais tout a tenu… ! Le 8 octobre 2023, me voilà alors repartie de l’autre côté de la planète. Après 6 heures d’avion, j’ai fait ma première escale de 3 heures au Qatar où j’ai pu faire du lèche-vitrine devant les magasins de luxe qui trônaient dans les quatre coins de l’aéroport. Puis, j’ai repris l’avion pour 8 heures jusqu’au à Hô Chi Minh au Vietnam. Il est vrai que j’y serais bien resté pendant un moment. Les Vietnamiens ont l’air si accueillants. Lucine au Vietnam sera surement dans un prochain chapitre :). Pour le moment, je montais dans l’avion après 8 heures d’escale pour 6 heures de vol jusqu’à Melbourne. Et là, vous devez vous dire que je suis enfin arrivée… QUE NENNI. Ma destination étant la Gold Coast, il me restait 6 heures d’attente et 2 heures d’avion. Enfin arrivée, après 40 heures de voyage et 9 heures de décalage horaire, j’ai enfin atterri à bon port. En attendant mon sac à dos, je suis allée acheter une carte SIM dans l’aéroport afin d’avoir accès à internet pour trouver mon chemin jusqu’à l’auberge. Entre la fatigue, l’accent australien et mon anglais rouillé, je me suis surement fait escroquer par la vendeuse, mais peu importe. J’avais de quoi trouver ma route et J’ÉTAIS EN AUSTRALIE ! Après avoir mis une éternité à trouver où prendre une carte de bus, j’ai foncé à l’auberge the Bunk Surfer Paradise (rien que le nom de l’auberge fait rêver, n’est-ce pas ?) et j’ai passé la meilleure nuit de ma vie entière. Étant arrivée le soir et n’ayant pas vraiment dormi depuis 2 jours, je n’ai pas eu de problème de jet-lag. 

Je me réveille alors le lendemain en pleine forme, prête à raconter mes plus folles aventures à ceux qui veulent bien les entendre.