Dès mes premiers jours en Australie, une chose m’a particulièrement frappé : la gentillesse des Australiens. Elle se manifeste par un sourire anodin dans la rue, par un « bonjour, comment ça va ce matin ? » à la caisse d’un supermarché, par un service banal rendu par un inconnu. Et ce sont pourtant ces toutes petites attentions ou ces phrases insignifiantes qui font toute la différence.
The French way
En France, on a tendance à cultiver l’individualité, le « chacun pour sa pomme ». Notre culture ne nous incite pas à être agréables les uns envers les autres. Si vous souriez à un inconnu dans la rue, la personne en face vous trouvera surement étrange. Elle va même peut-être prendre peur. Si vous demandez à une caissière comment elle va, elle vous regardera certainement de travers avant de se demander si c’est vraiment à elle que vous vous adressez. Si vous commencez à parler à un inconnu dans une file d’attente, il va sans doute essayer de couper court à la conversation, ou la discussion restera en surface due à cette pudeur qu’on ressent face à un inconnu : « il fait beau aujourd’hui », « l’attente est longue, vous ne trouvez pas ? ».
The Australian way
Les Australiens ont l’art de rentrer dans le vif du sujet, même avec des inconnus. Ils ont l’art de rendre les choses légères et de faire évaporer cette pression sociale qu’on peut ressentir face à des personnes qu’on ne connait pas. Ils ont l’art de casser cette distance embarrassante qui s’installe automatiquement.
Toutefois, ça ne me mettait pas très à l’aise au début. Le fait qu’une vendeuse me demande comment j’allais alors que je rentrais dans son magasin me laissait bouche bée. Je répondais par un sourire gêné avant de filer par la porte de sortie sans apporter de réponse à sa question pourtant simple.
1 mois après mon arrivée, je commence à me laisser prendre au jeu. Je faisais mes courses et en arrivant à la caisse, la caissière me demande comment je vais. Je lui réponds que ça va très bien, sans omettre de lui retourner la question. Puis elle enchaine en me demandant « Comment se passe ta journée jusqu’à maintenant ». Je lui raconte alors que je m’apprête à cuisiner un brookie (mi-cookie, mi-brownie) et que c’est la raison pour laquelle je suis ici. Elle me dit alors de bien m’amuser en cuisinant avant de me souhaiter une agréable journée.
Puis, sur la route de la maison, je passe devant une maison que j’adore. Son jardin est rempli de cactus faisant naître de magnifiques fleurs rouges. C’est la seule maison à laquelle je porte une grande attention dès que je rentre de course. Cette fois-ci, une dame s’occupait de ses beaux cactus. Alors que je passais sur le trottoir, je l’entendis me demander : « Bonjour, comment vas-tu aujourd’hui ? ». Jamais ce genre de choses ne se passeraient en France. Admettons que ça arrive, je pense que j’en perdrai ma voix durant quelques secondes avant de prendre mes jambes à mon coup par peur d’avoir à faire à un psychopathe. Mais dans ce cas précis, je réponds à cette gentille dame que je vais très bien. Elle affiche un sourire pouvant soigner toute la misère du monde tellement il en était rayonnant. Je lui dis alors que je trouve son jardin magnifique et que je l’admire à chaque fois que je passe devant. Son sourire se démultiplie en me remerciant. Puis nos chemins se séparèrent.
Je vous laisse admirer son joli jardin rempli de cactus fleuris.
C’en est même plus de la gentillesse, mais de l’humanité. Ils ont l’humanité de donner de l’importance à l’existence de qui que ce soit. Alors j’apprends et je tente d’en faire de même pour apporter mon rayon de lumière à ce monde pouvant nous rendre si solitaires.
Changer le monde
Je trouve ces instants magiques, bien que simples et spontanés. On ne se rend pas compte à quel point, même en tant qu’inconnu, on peut littéralement changer la journée d’une personne avec un simple sourire, un « bonjour », un « ça va ? ». Malheureusement, en France, on est plus partisans du « chacun de son côté ». Alors, on râle sur les autres, on lance des regards glaçants, on ne prend pas le temps de prendre conscience de l’existence des gens autour de nous. On est dans notre bulle avec un petit nuage gris au-dessus de notre tête. Pourtant, nos relations entre inconnus pourraient être tellement plus légères avec ce sourire insignifiant, mais indispensable ou ce « ça va ? » innocent, mais nécessaire. Ces petits mots, ces petites actions veulent tout simplement dire « Je te vois ». « Je sais que tu existes ». Et ça fait du bien de se sentir faire parti intégrante de ce monde.