24 juin 2024 : presque un mois après mon arrivée à TI, je suis appelée dans le bureau du patron. Dans un murmure dépourvu d’émotions et d’humanité, il m’annonce que je suis virée, sans daigner me donner une raison. Je dois quitter le logement après le déjeuner. Je ressors du bureau bouche bée retraçant chacun de mes mouvements, repensant chacune de mes paroles durant ces dernières semaines afin d’avoir une explication quant à ce licenciement soudain et énigmatique. Une brise de stress et kind of terreur a traversé la petite pièce du housekeeping. Qui sera la prochaine sur la liste ?
Trouver une issue de secours
Après avoir liquidé la moindre larme de mes canaux lacrymaux, je me suis mise à chercher une solution. Mon avion est prévu pour le 4 juillet et il est techniquement inéchangeable au vu des prix exorbitants. Je me retrouve donc à la rue avec, pour seule solution de fuite, un avion à 600 $.
Mes amies m’ont gentiment proposé de m’héberger aux risques et périls de leurs propres jobs, ce qui n’était clairement pas concevable.
J’ai aussi eu une vague d’espoir lorsque le manageur du bar d’à côté m’a affirmé que mon patron était hors la loi en mettant à la porte du jour au lendemain, alors que l’on était dans une remote area. J’ai de suite appelé Fair Work pour demander confirmation. C’est une compagnie défendant le droit des travailleurs en Australie. Je leur ai expliqué ma situation, mais ils m’ont malheureusement annoncé qu’aucune loi ne stipulait l’obligation d’un préavis lorsqu’il s’agit d’un job en causal. Après tout, c’est le principe même de la chose : je peux partir quand je veux, mais je peux aussi me faire licencier du jour au lendemain. That’s the game, girl.
Last shot
15 h et je n’ai toujours aucune solution pour le soir même. Honnêtement, se dire qu’on n’a nulle part où dormir est un sentiment très étrange. But anyway, je ne sais peut-être pas garder un job, mais je sais toujours trouver des solutions lorsque je me fais prendre au dépourvu.
C’est alors que ma copine à une idée : poster un message sur le groupe Facebook de l’île dans l’espoir de tomber sur des âmes charitables pouvant m’héberger pour la nuit. J’écris :
Bonjour tout le monde ! Je suis une jeune fille de 22 ans et je viens de perdre mon emploi sans aucune explication de la part de mon employeur. Mon vol de retour est prévu pour la semaine prochaine, mais il me demande de quitter le logement qui m’était prêté cet après-midi. Mon contrat étant casual, je ne peux malheureusement rien faire. Je me retrouve alors sans logement pour la nuit. C’est pourquoi je demande de l’aide aux personnes qui pourraient me prêter un lit pour cette nuit ou idéalement pour quelques jours. En échange, je peux vous aider à faire le ménage, le jardinage ou tout autre travail dont vous pourriez avoir besoin. Merci d’avance, Lucine.
Une injustice réparée
Une montagne d’amour et d’humanité profonde s’est créée dans les commentaires. J’ai reçu plus d’une vingtaine de messages d’Islanders me proposant une chambre jusqu’à ce que je prenne mon avion. Personne ne m’a parlé d’échange de bons procédés. Seul le fait de me rendre service les animait. J’eus soudain l’envie de faire un câlin à la planète. Que l’humanité est belle !
La colère en moi s’est dissipée pour laisser place à une gratitude infinie. La bonté des gens s’est emparée de l’inhumanité du patron en l’enveloppant dans une boule d’amour et d’énergie positive. La cruauté ne fera clairement jamais le poids face à la délicatesse du cœur.
Reconnaissance infinie
J’ai alors choisi, parmi tous ces messages, une dame venant d’aménager dans sa nouvelle maison. Le fait que ce soit une femme me rassurait et la bienveillance de ces messages m’a conforté dans mon choix.
À 17 h, j’arrive devant sa porte. Sa nièce m’accueille avec un sourire pouvant soigner tout le malheur du monde. Elle me fait visiter la modeste demeure puis elle s’exclame : « Après l’affreuse journée que tu viens de vivre, tu mérites un bon verre de vin ». Elle me sert alors un vin rouge australien (succulent, je dois dire) et pendant deux heures, nous avons parlé d’expériences professionnelles désastreuses, d’amour, de manifestation, d’astrologie.
Merci à elle. Merci à mes amis. Merci à la vie.
Les manigances de la vie
Je me suis beaucoup remis en question tout au long de la journée. Après le troisième licenciement en 6 mois, ça serait culotté de ne pas le faire. Je ne sais toujours pas en quoi j’ai fauté, mais une chose de sûre, c’est qu’après chacun de ces terribles évènements où je me suis retrouvée démunie, la vie avait toujours un plan bien plus croustillant à me proposer. Aussi, y-t-il plus parfait évènement pouvant représenter mon article Vivre au jour le jour ?
La vie a un humour sacrément farfelu !