Alors que nous marchions sur les derniers lieux figurant sur la bucket list du road trip, nous nous demandions ce que nous allions faire par la suite. Nous avions dans l’idée de passer une formation afin de travailler en construction (la white card) mais le cours n’était pas avant la semaine d’après. C’est alors qu’est apparue l’idée du woofing.
Le principe consiste à être nourri, logé et blanchi par des hôtes contre quelques heures de travail domestique dans la journée. Cela peut-être du jardinage, du ménage, de la construction ou de toutes autres tâches que nous effectuons quotidiennement dans une maison.
Virginia et Brian
Nous sommes tombés sur leur annonce nous promenant sur Workaway, à la recherche d’une ferme ayant le pouvoir de nous faire frémir d’impatience à l’idée de cette nouvelle aventure. Tout y était. Des chiens, des chats, des chevaux, des hôtes charmants. Ni une ni deux, nous leur avons envoyé un message pour manifester notre intérêt. Après un court plongeon dans la piscine du camping caravane, mon téléphone retentit. C’était Virginia. Elle m’expliqua alors qu’elle serait ravie de nous accueillir une semaine ou deux dès aujourd’hui. D’une hâte saugrenue, nous avons rangé notre affaire et nous nous sommes mis en route vers Koah.
Popovic road
La ferme, qu’on peut même qualifié de ranch tant il y a de chevaux, est située à l’extrémité d’une propriété verdoyante de 110 hectares. À ses pieds se trouve un étang rempli plus d’algue et de boue que d’eau, mais faisant son petit effet tout de même.
Brian nous a accueillis en nous faisant un tour de la maison et du terrain. Tout était très calme. Les oiseaux gazouillaient, les chiens faisaient la sieste. Les chevaux broutaient tranquillement. Nous savions déjà que nous allions nous y plaire.
Les milles et un chevaux
Au petit matin, nous avons fait la rencontre des 18 chevaux à nourrir. Bien qu’au début la tâche nous paraissait faramineuse, car chaque cheval avait un régime différent, nous nous sommes vite pris au jeu. Shrek et Georges (qui essayait constamment de me mordre alors que je préparais les seaux de nourriture) avaient l’honneur d’être servis en premiers dans les seaux noirs. Les seaux roses allaient à Brownson, Cisco (son frère), Summer, Bonnie et Diego (le boss de ce pré). Les deux seaux jaunes étaient pour Heidi et Spirit, quant à leur poulain, Luna et Finale, ils avaient le seau bleu clair à se partager. Clinsey, Rafa et Rocket avaient les seaux bleus foncés et dans le pré tout au fond, Mathilda (la boss), Lola, Christian et Dente mangeaient dans les seaux rouges et verts.
Chaque matin, j’avais alors l’impression d’être mère d’une famille nombreuse, préparant le petit-déjeuner à mes 18 enfants. Quelle horreur !
Les chiens
Pendant que je préparais les seaux de nourriture pour chevaux, Robin s’occupait de sortir les chiens de leurs cages afin de les nourrir et qu’ils aillent faire leurs besoins. Ça peut paraitre très choquant pour nous européens de laisser des chiens enfermés toute la journée dans des cages alors qu’il y a de l’espace à profusion, mais c’est pourtant très courant en Australie. Je ne comprends personnellement pas l’intérêt d’avoir des chiens (7 qui plus est) pour ne les sortir que le matin et le soir pour qu’ils se dégourdissent les pattes. Seul Dobs (alias Dobsi) était chanceux de pourvoir galoper en liberté all day long. Quant à Polo, BJ (le chiot), Bear (sa mère), Red, Milo et Eva, ils passaient leur journée à dormir ou à aboyer sur la volaille qui osait s’aventurer au-devant de leurs cages. Quelle vie…
Hector
Je vous présente Hector (et ses femelles). Taureau de 4 mois, aime les caresses et le potager de 30 m2. Avec son regard perçant, ses 500 kg et ses grosses cornes poussant sur son crâne, je n’étais pas rassuré à l’idée de l’approcher. Puis en apprenant à le connaitre, j’ai vite compris que c’était un gros balourd plein d’amour. Malheureusement, Brian l’a introduit dans le pré avec les vaches et nous ne l’avons plus jamais revu.
Pour mon plus grand bonheur, il y avait aussi deux chats qui adoraient les calins, mais aussi des poules, des canards, des pintades, des dindes, un dindon et des oies. What a big family !
A part s’occuper des animaux, nous avons aussi laver la maison de fond en comble, désherber et pailler le potager, huiler les tables, les choses, les bancs et la tarasses, encore désherber et pailler une autre partie de la propriété, piocher, planter, astiquer… Anyway, à chaque jour sa nouvelle tâche. De plus, Virginia et Brian étaient adorables. Nous leur avons appris à faire des crêpes à la française, ils nous ont appris à danser la bachata. C’est un échange de bons procédés !
Chaque soir lorsque Virginia rentrait du travail, Robin ou moi l’aidions à préparer le dîner. Je me suis aussi beaucoup amusée à cuisiner dans leur grande cuisiner : brookie, gâteau de Savoie, cookie, banana bread et j’en passe ! Bref, nous étions comme à la maison.
Lake Euramoo
Comme il nous était demandé de travailler seulement 5 heures, 5 jours par semaine, nous avons pas mal de temps libre. Nous avons alors décidé d’aller passer un après-midi au Lake Euramoo. Ce lac s’est formé au creux d’un cratère de volcan. Bien que l’eau soit translucide, on ne voit pas le fond tant la profondeur est vertigineuse.
Il y a un petit sentier faisant le tour du lac, néanmoins, on ne peut pas trop observer ce dernier dû à la densité de la forêt tropicale. On a pu cependant croiser des iguanes, des serpents et des petits lézards. On peut aussi voir des tortues nageant dans l’eau limpide et, à ce qu’il parait, il y aurait un crocodile habitant le lac tel le monstre du Lockness. Sachant qu’on peut quand même se baigner dans le lac, soit c’est un gentil crocodile bien élevé, soit c’est une légende.
Montgolfière
Brian travaille dans une entreprise de montgolfière depuis quelques années en attendant l’heure de sa retraite. Son job est de suivre la montgolfière en voiture pour la remorquer une fois qu’elle s’est posée. Quelques jours après lui avoir demandé s’il était possible de faire un tour de ballon, nous nous sommes retrouvés à conduire direction Marrera un dimanche à 3 h du matin.
Virginia nous avait dit qu’elle trouvait l’activité terriblement ennuyante. Nous nous sommes regardé en haussant les épaules, sachant que nous n’allions pas faire de la montgolfière pour les sensations qu’elle procurait. Pendant l’heure de vol, nous avons donc passé notre temps à observer chaque petit détail de la vie au sol. La ville de Marreba se réveillait peut à peu sous nos yeux. Un monsieur partait au travail dans sa voiture violette. Un chien aboyait sur le ballon volant dans les cieux. Une dame sirotait son thé sur le porche de sa maison en bois. Un kangourou sautait pour fuir un bruit enflammé dont il ne connaissait pas même la provenance. Un tractopelle commençait sa dure journée de labeur en grattant le sol rocailleux du bush.
Je pense qu’on aurait pu rester de longues heures, le menton posé sur le panier du ballon, à contempler la vie et le quotidien de tous ces êtres.
À l’atterrissage, nous avons eu le droit à du champagne, du brownie, des gaufres, des barres chocolatées et des œufs durs. Nous avons aussi pu prendre des photos à l’intérieur de la toile du ballon. C’était une super expérience que l’on n’oubliera pas de si tôt !
Time flies
Au final, nous sommes restés plus de 3 semaines chez Virginia et Brian. Nous y étions comme chez nous, mais nous avions besoin de changement à nouveau. La routine et les habitudes quotidiennes ne sont définitivement pas faites pour nous. Alors, nous leur avons dit au revoir, reconnaissants d’avoir pu partager un bout de notre aventure avec eux. Il ne reste plus qu’à choisir quel crayon nous allons utiliser afin de dessiner sur une nouvelle page du livre de notre vie.